Eaux troubles… en eaux noires
Un contrat de près de dix ans (voire plus — mais quand la question a été posée lors du dernier conseil portuaire du 26 juin 2025, aucune réponse claire…) pour la modique somme de 90 000 € par an, soit un petit million d’euros au bas mot. Tout ça pour un service confié par la Régie, qui nous étonne (trop) souvent par son sens très particulier de la rentabilité.
Ce chef-d’œuvre d’efficacité budgétaire porte sur l’ECOBARGE CLEANEBLUE, une entreprise privée sortie gagnante d’un appel d’offres conduit sous la direction de l’ancien directeur, M. Cavaillès, et validée par M. le Maire, Robert Crauste.
La mission de cette fameuse barge ? Collecter les eaux usées et les eaux noires des bateaux du port. Passionnant. Mais accrochez-vous : selon les magnifiques graphiques que vous pouvez voir, le service devient chaque année un peu plus inutile. Le volume collecté s’effondre, tout comme le nombre de bateaux utilisant ce service. Une performance en chute libre, donc, mais toujours à prix constant.
Jean-Pierre Cherifcheikh, notre président, met les pieds dans les eaux troubles : le personnel de la barge semble passer plus de temps à scroller son téléphone qu’à regarder les eaux usées, et ayant la tête sur son portable, ne répond pas aux appels parfois « désespérés » des plaisanciers ou propriétaires de marinas qui souhaitent lui indiquer des zones à nettoyer. Mais bon, au moins les chiffres confirment cette intense activité numérique…
La réponse de notre maire ne déçoit pas : si les volumes baissent, c’est parce que les jours d’intervention ont été réduits (…). Logique implacable. Moins on travaille, moins on collecte — et plus on économise ! Enfin… façon de parler, car on était à plus de 100 000 € par an avant cette prétendue « économie ».
Et là, la cerise sur le radeau : le contrat aurait pour noble objectif d’inciter les usagers à ne pas rejeter leurs eaux noires en mer. Louable, certes. Efficace ? Non. Et surtout, ce service « gratuit » (sauf pour le contribuable, bien sûr) coûte une petite fortune à la Régie. Une régie qui, rappelons-le, adore faire les poches des usagers du port pour financer quelques dépenses… comment dire… parfois pharaoniques ?
Quelques exemples au hasard : des WC à plus de 320 000 € l’unité, une école de mer truffée de plus de 1 000 réserves sur les malfaçons (ce n’est plus un chantier, c’est un sketch), et des provisions astronomiques pour les contentieux aux prud’hommes (300 000€ mais nous y reviendrons dans un prochain article…) Bref, on dépense comme si l’argent poussait sur les coques des bateaux.
Mais bon, il est toujours aussi difficile de faire comprendre à certaines collectivités que l’argent public n’est pas gratuit. À la fin, ce sont toujours les contribuables qui paient la note salée.
Un contrat court, renouvelable en fonction des résultats, aurait été une idée raisonnable comme dans toutes entreprises privées. Mais non : nous avons un contrat long, coûteux, inefficace, et bien entendu, quasiment impossible à résilier. Le combo gagnant.
L’ALPC2 propose de faire payer ce service aux utilisateurs (déjà peu nombreux), confier le nettoyage du port au personnel ( pléthorique?) de la Régie, et mettre en place de vrais contrôles pour ceux qui continuent de balancer leurs eaux noires en mer comme si de rien n’était.
Résultat attendu : une belle économie, pour une Régie et une municipalité qui préfèrent jusqu’ici augmenter les taxes et les tarifs, plutôt que de remettre en question des dépenses aussi injustifiables que cette fameuse ECOBARGE.



